Par | Ahmed Zakaria
Bien que Saïed, élu en 2019, ne se soit pas encore officiellement déclaré candidat, il est largement pressenti qu’il briguera un second mandat. Cette décision intervient dans un contexte économique morose, héritage de la désastreuse décennie « post-printemps arabe » de 2011, marquée par la mainmise du mouvement Ennahda, branche tunisienne de l’organisation mondiale des Frères musulmans. Un parti dont les liens avec les groupes salafistes ont été maintes fois documentés par les médias et les enquêtes judiciaires nationales et internationales.
Cette année, le Président n’a pas mâché ses mots, dénonçant « la précipitation précoce de certains politiques à se jeter dans la course », estimant que « pour la plupart, l’unique boussole est le fauteuil présidentiel » qui leur servira de plateforme pour finir leurs projets entamés déjà, depuis 2011. Une critique acerbe visant ceux-là mêmes qui avaient auparavant boudé les urnes pour des dernières législatives.
Alors que les Tunisiens appellent à l’assainissement du climat politique avant l’échéance électorale, Ennahda et d’autres partis d’opposition réclament toujours la libération des « prisonniers politiques » et la fin des « pressions sur les médias », Accusant Saïed d’avoir confisqué le pouvoir.
À l’inverse, les activistes sociaux encouragent le Président à poursuivre sans relâche la traque des responsables de la corruption endémique installée durant la décennie passée.
Malgré les multiples crises auxquelles il a dû faire face et les pressions extérieures – notamment de l’Union européenne sur la question migratoire et du FMI pour l’endettement -, Kaïss Saïed essuie toujours les foudres de ses adversaires politiques, notamment les relais nationaux et internationaux encore actifs, d’Ennahda. Un parti dont le président croupit en prison pour collusion avec l’étranger et implication dans les réseaux terroristes régionaux.
Le Président tunisien a su, même laborieusement, naviguer entre les fissures provoquées par les chocs géopolitiques et leur impact, en équilibrant les rapports de l’Etat tunisiens avec les principales puissances mondiales et régionales. Son rapprochement avec la Russie et la Chine, son engagement pour les droits du peuple palestinien, côte à côte, avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune, lui a coûté l’isolement médiatique international.
Sur le plan sécuritaire, et en s’appuyant sur le professionnalisme et de l’armée tunisienne et la parfaite coordination avec les voisins algériens et libyens, Kaïs Saïed a largement réussi à endiguer le phénomène du terrorisme et les réseaux criminels transfrontaliers soutenus par des acteurs régionaux bien connus.