Le Maréchal autoproclamé Khalifa Haftar s’entête à jouer avec le feu ou juste un coup de Bluff? Selon des médias locaux, son fils cadet, Saddam, qui occupe le poste de chef d’état-major de l’armée de Benghazi – composée de mercenaires et de migrants contraints de rejoindre ses rangs – aurait ordonné le transfert d’unités armées vers diverses villes et régions du sud-ouest de la Libye, notamment la ville de Ghadamès, située à la frontière avec l’Algérie.
Mf
Par | Abderrahman BenNadjem
Libye | Cette annonce a suscité une vive indignation parmi les Libyens, qui se sont déclarés prêts à se ranger aux côtés de la 17e brigade de garde-frontières de Ghadamès, relevant du gouvernement d’unité nationale, lequel a décrété l’état d’alerte. « Sa fin est imminente ! » scandaient les habitants du sud-ouest, affirmant qu’avec le soutien de l’armée de Tripoli, ils se tiendraient fermement contre toute manœuvre visant à déstabiliser Ghadamès et ses environs.
Le commandant de la région militaire occidentale en Libye a, ce jeudi, donné des instructions à ses unités pour se préparer à une éventuelle attaque, tandis que le Conseil supérieur de l’État a appelé à une intensification de l’état d’alerte afin de contrer toute menace émanant des milices de Haftar.
Dans une déclaration récente, le Conseil supérieur de l’État a exprimé son « inquiétude profonde » face aux récentes manœuvres militaires des forces de Haftar dans le sud-ouest, les qualifiant de « tentative flagrante » d’accroître son influence et son contrôle sur des zones stratégiques. Le Conseil a également manifesté son « fort rejet » de ces actions « illégitimes« , avertissant qu’elles pourraient précipiter un « retour au conflit armé » et compromettre l’accord de cessez-le-feu ainsi que les efforts de réunification des institutions militaires, mettant ainsi en péril l’intégralité du processus politique.
Le Conseil présidentiel, accompagné du Premier ministre du gouvernement d’unité nationale, en tant que ministre de la Défense, ainsi que du chef d’état-major des forces armées libyennes, ont appelé à une élévation de l’état d’alerte et à une préparation face à tout danger potentiel découlant des agissements de la dynastie Haftar. De plus, le Conseil a exhorté la mission des Nations Unies en Libye et la communauté internationale à adopter une position claire vis-à-vis de ces manœuvres « injustifiées et illégales ».
Ghadamès, située à l’ouest de la Libye et à la frontière avec l’Algérie, fait face à une intensification des tensions sécuritaires, conséquence du déplacement de milices affiliées à Khalifa Haftar vers la ville. En servant ses propres intérêts, le maréchal a choisi de proposer ses services à certains acteurs régionaux et internationaux pour échapper à la justice, tout en étant confronté à des accusations de crimes de guerre, ainsi qu’à des affaires liées au trafic d’armes et à la traite humaine. Récemment la justice espagnole a émis un mandat d’arrêt international contre le fils cadet de Saddam Haftar que le père a nommé à la tête de l’armée de Benghazi.
La dynastie Haftar, avec ses ambitions démesurées, semble être le catalyseur d’une instabilité croissante. En effet, au-delà de la simple quête de pouvoir, Khalifa Haftar s’est engagé dans une danse dangereuse avec des acteurs régionaux et internationaux, cherchant à asseoir son autorité tout en échappant à la justice. Ses alliances douteuses, qui incluent des soutiens étrangers, mettent en lumière un jeu d’intrigues où les intérêts personnels priment sur le bien-être du peuple libyen.
Manquant de soutien populaire et avec des capacités logistiques limitées pour contrôler la région, Haftar ne fait qu’exécuter un plan de déploiement de points logistique au service de ses soutiens étrangers, qui convoitent cette région stratégique. ont indiqué indiquent des analystes.
Ce faisant, il renforce l’idée que la dynastie Haftar est davantage une marionnette dans un jeu géopolitique complexe qu’un véritable leader national.
Par ailleurs, le ministre de l’Intérieur du gouvernement d’unité nationale, a confirmé, lors de la réouverture du point de passage de Ras Jdir à la frontière tunisienne début juillet, l’intention de son gouvernement de reproduire l’expérience de contrôle du point de Debdeb avec l’Algérie et de sécuriser Ghadamès. Il a également évoqué les plans du gouvernement visant à stopper le trafic de drogue entre la Libye et l’Algérie via ce point de passage. Pour renforcer le contrôle gouvernemental sur les frontières, la direction de l’exploitation des points de passage terrestres du ministère des Transports a signé, en collaboration avec la mission de l’Organisation internationale pour les migrations, un projet de réhabilitation des installations du point de passage de Ghadamès, en présence de représentants du ministère de l’Intérieur et de la mission de l’Union européenne.
Ghadamès est également reliée aux champs énergétiques du sud-ouest de la Libye, où se trouvent des sites d’extraction de pétrole et de gaz, tels que le champ de Sharara, que des forces affiliées à Saddam Haftar ont récemment annoncé avoir fermé. Le champ de Hamada a également été le théâtre de tensions et de conflits importants ces derniers mois, après que le gouvernement d’unité nationale a accordé à des entreprises étrangères des parts supplémentaires pour sa réhabilitation et son exploitation, provoquant le refus du Parlement et du gouvernement parallèle de l’est de la Libye.
