Par Ahmed Zakaria
GENEVE – Au moins 42 personnes sont mortes et 86 autres blessées depuis la mi-septembre en Haïti, un pays secoué par une nouvelle vague de protestation populaire contre le président, a annoncé vendredi l’ONU, appelant à un « dialogue » entre Haïtiens.
Selon les informations recueillies par le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme, « les forces de sécurité sont responsables de 19 morts, les autres ayant été tués par des individus armés ou des auteurs (d’attaques) inconnus », a expliqué une porte-parole, Marta Hurtado, au cours d’un point de presse à Genève.
Au total, « au moins 42 personnes sont mortes et 86 ont été blessées lors de l’escalade des tensions depuis le début de la dernière vague de manifestations, le 15 septembre, selon des informations vérifiées par notre bureau », a-t-elle relevé. La grande majorité d’entre elles ont été blessées par balle.
Haïti est le pays laissé pour compte dans les r relations internationales. Pourtant avec le nombre considérable d’organisations humanitaires étrangères présentes depuis de nombreuses années dans le pays, n’a changé pour la population démunie. Des Haïtiens virevoltent leur malheur à la dérision en surnommant ainsi, leur pays «république des ONG». Ils accusent certaines organisations humanitaires de trafique de être humains, particulièrement les enfants, tandis que les grandes puissances se disputaient plutôt les sites névralgiques du pays.
Selon des rapports le trafique des enfants déplacés à l’étranger, au profit de parents adoptifs, avait pris une ampleur ahurissante lors du séisme de janvier 2010. Cette tragédie a malheureusement transformé ce pays en un véritable laboratoire de l’action humanitaire, qui concrètement n’a mené à rien. Or cette véritable «invasion» par l’aide internationale apparaît comme un marqueur identitaire au point qu’elle semble être devenue un élément de l’identité haïtienne contemporaine
La colère populaire contre le président Jovenel Moïse, décrié par ses opposants les plus radicaux depuis son arrivée au pouvoir en février 2017, s’est accentuée fin août à la suite d’une pénurie de carburants généralisée en Haïti.
Des barricades sont régulièrement dressées sur les principaux axes routiers et des manifestations organisées, empêchant le fonctionnement régulier des écoles, des hôpitaux, des établissements commerciaux et des administrations.
Au moins un journaliste a été tué et neuf autres ont été blessés, selon l’ONU. « Nous exhortons tous les acteurs (de ces violences, ndlr) à s’abstenir de cibler les journalistes et à respecter la liberté des médias », a relevé Mme Hurtado.
Dans un communiqué, le Haut-Commissariat se dit « profondément préoccupé par la crise prolongée » sur cette partie occidentale de l’île d’Hispaniola et sur « la capacité des Haïtiens à exercer leurs droits fondamentaux en matière de soins de santé, d’alimentation, d’éducation et autres ».
Le Conseil de sécurité de l’ONU a mis fin à la mi-octobre à 15 ans d’opérations de paix en Haïti, auxquelles va succéder une simple mission politique. Haiti, est un pays sans grande ressources en matière
« Il est très difficile d’établir un dialogue entre les différents acteurs (de la crise actuelle, ndlr), mais c’est bien sûr ce que demande l’ONU, afin de permettre à chacun de s’exprimer de façon pacifique », a noté la porte-parole.