Par : Ahmed Zakaria
La redoutable panafricaine Nathalie Yamp, conseillère exécutive du Président de Lider, concurrent de Ouattara à la présidentielle ivoirienne en 2020, vient de mettre un gros coup de boule dans la fourmilière Françafrique.
Invitée à faire une intervention sur le sujet : « les urgences de développement de l’Afrique francophone la souveraineté sur les valeurs africaines et le rôle que la Russie peut jouer », elle en profite pour démonter littéralement la Françafrique et ses méfaits sur le développement du continent.
« Après l’esclavage, après la colonisation, après les pseudo-indépendances, on ne nous a reconnu que le droit d’être libres. Mais seulement au sein de l’enclos français. L’Afrique francophone est encore aujourd’hui, en octobre 2019 sous le contrôle de la France » Dénonçant l’omniprésence de la France dans les relations franco-africaines.
Dans sa lancée, l’opposante ivoirienne, enfonce le clou en se révoltant contre le fait que la France continue de «parler» au nom de l’Afrique dans les Institutions internationales : «Les peuples d’Afrique, et particulièrement la jeunesse, revendiquent pourtant avec de plus en plus de vigueur, leur besoin de démocratie, leur droit à l’autodétermination, leur droit de décider avec qui ils veulent commercer, avec quoi ils veulent payer ce commerce, sans qu’on les place sous la tutelle d’une ex-puissance coloniale qui se place sur la scène internationale comme notre avocat. »
« Nous voulons sortir du Franc CFA que Paris, avec ses laquais africains, veut pérenniser sous l’appellation ÉCO, et qui ne permet aucune industrialisation de l’Afrique francophone. La conquête de notre souveraineté monétaire est capitale. Car la seule stabilité que le Franc CFA garantit aux pays qui l’utilisent sont la mauvaise gouvernance, la pauvreté et la corruption», a-t-elle déclaré.
Cette intervention lui a valu une standing ovation des dizaines de chefs d’Etats africains , tandis que d’autres étaient restés sans voix. Le sommet Afrique Russie Afrique qui ‘est tenu le 23 et le 24 Octobre, à Sotschi, sonne pour beaucoup d’observateurs, comme un premier pas vers la rupture avec les vielles méthodes imposées par le système colonial entretenu par des classe dirigeantes soumises et aux aboies face à la révolte populaires et la ténacité des nouvelles forces de l’opposition.
47 Chefs d’État africains ont répondu «présent» à l’invitation de Vladimir Poutine et assisteront au sommet russo-africain et au forum économique de Sotchi des 23 et 24 octobre. Un rassemblement inédit par son ampleur.
Le terme de « Françafrique » a d’abord été forgé par le président-autocrate Félix Houphouët-Boigny. L’homme, qui a régné en « patriarche » sur la Côte d’Ivoire depuis son indépendance en 1960 jusqu’à sa mort en 1993, était le partisan d’une très étroite coopération avec l’ex-puissance coloniale. Les intérêts économiques français étaient bien servis par lui, mais il y en avait aussi pour la classe politique française. Dans la bouche de son inventeur, le terme de « Françafrique » devait signifier l’amour éternel et l’esprit d’étroite coopération qui devaient exister entre la France et les élites dans ses ex-colonies africaines.