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Finance islamique: un segment en plein essor en Algérie

Au niveau Mondial, la finance islamique enregistre une croissance soutenue au cours des dernières années. Elle devrait passer de 4.000 milliards de dollars de total actifs en 2021 à 5.900 milliards de dollars en 2026 selon la Société islamique pour le développement du secteur privé. Cependant, en Afrique, elle reste encore à la traîne malgré les efforts. Elle ne représente que 10 milliards de dollars dans les pays subsahariens et les résultats sont assez mitigés en Afrique du Nord.

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Par | Hiba Nawel_APS


En Algérie, la finance islamique est considérée comme un levier de croissance et une voie pour attirer les liquidités thésaurisées ou en circulation sur le marché parallèle, la finance islamique se développe depuis plusieurs décennies, mais connait, depuis trois ans, une avancée exceptionnelle et une généralisation inédite à travers les banques publiques, à la faveur d’un cadre législatif et réglementaire réformé.

Lancée avec  »Al Baraka Bank », opérationnelle depuis 1991, et  »Al Salam Bank Algérie », au début 2009, l’Algérie et en plein crise financière mondiale, s’est donc engagées dans la finance islamique. Mais ce segment très attractif, a connu ces trois dernières années, un saut qualitatif et quantitatif, marqué par un intérêt grandissant d’une clientèle à l’affût d’offres en la matière.

En application des instructions du Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, et du plan d’action du Gouvernement, la Banque d’Algérie a procédé, en 2020, à l’encadrement de l’activité de la finance islamique par le règlement 20-02 du 15 mars 2020, définissant les opérations de banque relevant de la finance islamique et les conditions de leur exercice par les banques et les établissements financiers.

Il y a eu ensuite l’instruction 03-2020 du 2 avril 2020, définissant les produits relevant de la finance islamique et fixant les modalités et les caractéristiques techniques de leur mise en œuvre par les mêmes institutions financières.

Ce nouveau règlement a pris en charge les exigences en termes d’étanchéité entre l’activité traditionnelle de la banque conventionnelle et l’activité de la fenêtre islamique et ce, en matière comptable, administrative, organisationnelle et de conformité.

En parallèle et en interne, toutes les banques publiques ont lancé les actions nécessaires à la commercialisation des produits de la finance islamique, par la création d’une structure, direction ou service, chargés uniquement de la finance islamique, ainsi que par la mise en place d’un comité de contrôle charaïque et la création d’un service dédié à l’audit de conformité « charia« , en plus de la formation du personnel et la création d’un système d’information, d’un plan de communication et d’un plan de comptes et de schémas comptables y afférents.

En août 2020, la Banque National d’Algérie BNA annonçait le lancement de la commercialisation des produits de finance islamique à travers ses agences, suivie par le Crédit Populaire d’Algérie CPA, en octobre 2020 et puis la Caisse Nationale d’Epargne CNEP-Banque à la même année.

La Banque du développement Rural BADR inaugure le nouveau service de la finance islamique qu’elle propose à sa clientèle en avril 2021, la Banque du développement Local BDL et la Banque Extérieur d’Algérie BEA emboitent les pas en décembre 2021.

Ainsi, depuis son lancement en 2020 et jusqu’à fin 2022, près de 600 milliards de DA ont été collectés par les banques algériennes dans le cadre de la finance islamique, selon  l’Association professionnelle des banques et des établissements financiers (ABEF).

Des avantages fiscaux

Dans le cadre de la loi de finances complémentaire (LFC) de 2021, une législation spécifique adaptée à la finance islamique en matière d’impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS), d’impôt sur le revenu global (IRG), de taxe sur l’activité professionnelle (TAP), de droits d’enregistrement et de la taxe de publicité foncière, de la TVA et de bonification des taux d’intérêts, a été adoptée.

Des bonifications par le Trésor des taux d’intérêts sont également accordées aux crédits des banques et des établissements financiers.

La révision de la loi relative à la monnaie et au crédit, adoptée récemment, promet d’accroitre le rythme de la croissance de la finance islamique pour mieux répondre aux exigences de la réforme économique escomptée.

En plein essors, les banques islamiques représentent actuellement la majorité des actifs de la finance islamique, avec 70% des actifs totaux en 2021, soit 2.800 milliards de dollars (+17% sur un an). Les pays du Conseil de coopération du Golfe détiennent 43% des actifs mondiaux de la banque islamique, suivis par les autres régions Mena (40%). En 2021, les marchés les plus porteurs étaient le Tadjikistan (84%), l’Iran (45%), le Burkina Faso (27%) et l’Éthiopie (26%).

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