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Comment le G3 (Tunisie, Algérie, Libye) peut-il bénéficier de la nouvelle confédération des pays du Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso) ?

Au cours du week-end dernier, et parallèlement aux réunions de haut niveau en Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dispersées par l’accélération des mutations géopolitiques, le Niger, le Mali et le Burkina Faso, trois pays d’Afrique de l’Ouest dirigés par l’armée, ont signé à Niamey un traité de « confédération » baptisé (AES), une évolution qui confirme leur « détermination à tracer une voie commune en dehors de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) », qui regroupe 15 pays d’Afrique de l’Ouest.

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Par | Ahmed Zakaria


Les trois présidents tous issus de coup d’état, ont officiellement annoncé que les peuples du Sahel ont décidé de tourner le dos à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, qu’ils considèrent « comme l’incarnation de l’influence coloniale historique française dans la région ».

L’annonce de la création de cette Confédération, signifie une toute nouvelle donne dans la gestion des défis multidimensionnels, qui guettent l’Afrique, tels la confusion politique, l’instabilité, la pauvreté, et surtout les ingérences étrangères de plus en plus pesantes dans une région, témoin d’attaques terroristes endémique, de coups d’Etats et des soulèvements séparatistes.

Les chefs militaires à la tête des trois pays, ont pris le pouvoir grâce à une série de coups d’État entre 2020 et 2023, et ont rompu les relations militaires et diplomatiques avec les alliés régionaux et les puissances occidentales, notamment la France.

Le général Abderrahmane Tiani, chef du CNSP au Niger, a décrit le Sommet du Sahel comme « le point culminant de notre volonté commune résolue de restaurer notre souveraineté nationale ». Tiani, et s’est réjouit « que l’approbation formelle du traité instituant l’Alliance des États du Sahel (AES) réponde aux aspirations des habitants des pays signataires de jeter les bases d’un espace partageant le même défi et mêmes ambitions, en un mot. « Même sort. »

La signature de l’accord intervient deux jours avant le sommet du groupe de CEADEO hanté par le spectre de l’effritement, qui espérait sans grande conviction, de persuader les trois pays de reconsidérer leur décision de janvier de se retirer du bloc.

Personne ne peut encore prévoir, comment cette nouvelle coalition régionale des pays du Sahel coordonnera ses relations politiques, économiques et de défense, Alors, que ces dirigeants sont chacun, confronté à l’embarras de la légitimité constitutionnelle et aux crises économiques et sociales multiformes, exacerbés par un isolement international et régional étouffant et d’innommables guerres qui font rage depuis 10 ans.

En mars, les trois pays ont convenu de former une force conjointe pour faire face aux menaces sécuritaires sur leurs territoires.

Dans un communiqué publié après le sommet, les pays ont déclaré qu’ils étaient convenus de coordonner leurs mesures diplomatiques, de créer une banque d’investissement et un fonds de stabilisation pour les pays de l’Alliance des pays du Sahel et de mettre en commun leurs ressources pour mettre en place des projets dans des secteurs stratégiques tels que les mines, l’énergie et l’agriculture.

Comment l’Algérie et la Tunisie peuvent-elles faire face à ce bloc et bénéficier de la carte géopolitique qui en émerge ?

Limitrophes de la région du Sahel, le Groupe des trois (G3), composés de l’Algérie, la Tunisie et la Libye, suit de près ce qui pourrait émerger de cette initiative, qui pourrait leur offrir des opportunités à saisir, tout comme un nouveau micmac géopolitique.

De grands défis doivent être soigneusement étudiés, d’autant plus que la région tout entière fait l’objet d’une concurrence internationale féroce et souvent déloyale, pour l’influence économique.

La coalition entre le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Tchad constitue un PIB d’environ 100 milliards $ et une population de plus de 100 millions d’habitants. Elle représente également un marché naturel pour les pays du G3, en raison de la proximité géographique, sociale et historique, pour ne pas dire que ces pays nord africains en font une partie intégrante. L’intégration économique régionale issue de l’AES ouvre de nouveaux horizons aux entreprises algériennes, tunisiennes et libyennes.

On s’attend à ce que le commerce et les investissements inter-régionaux s’intensifient, offrant ainsi de grandes opportunités de croissance, notamment dans les zones frontalières, dans un premier temps.

Des projets d’infrastructures communs qui s’inscrivent dans un plan global intégré, tels que les réseaux de transports, de communications et d’énergie, profiteront également à ces trois pays enclavés, en améliorant leur connexion avec les marchés mondiaux via les pays du Maghreb, qui constituent une débouchée maritime de plusieurs milliers de kilomètres et des dizaines de ports bien équipés.

La visite de Nabil Ammar, ministre tunisien des Affaires étrangères, la semaine dernière au Burkina Faso, ainsi que le retour progressif de relations entre Bamako et Alger, peuvent être considérés comme des signes de réactivités et d’adaptation rapide de la diplomatie du G3, à cette nouvelle donne.

Parier sur le succès de ce projet contribuera à atteindre la stabilité politique et sociale dans toute la région du Sahel, nécessaire pour attirer les investissements étrangers en Algérie, en Tunisie et contribuera à ramener la paix et la stabilité à la Libye. Il ouvrirait par la suite, de nouveaux marchés en Afrique profonde et atténuera les fluctuations commerciales provocatrices imposés par les politiques aventurières de certains acteurs régionaux et internationaux mêlés aux trafic d’armes, de drogue et d’être humains.

Une coordination efficace et réaliste permettra également de calmer les ardeurs de l’Union européenne en tant que corps administratif, qui limite ses relations au seul aspects commercial, sans tenir compte du principe de souveraineté politique des pays du Sud en piégeant chacun à part, par des accords d’association à sens unique.

Alors que l’Algérie s’apprête à faire face aux intimidations européennes de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, -qui outrepasse la souveraineté même des États membres de l’UE en cherchant à reproduire le scénario appliqué à la Russie afin de stopper l’élan économique du pays-, le géant du Maghreb semble avoir anticipé cette situation.

En effet, l’Algérie a lancé de mégas projets transfrontaliers ambitieux, tels que la route transsaharienne, doublée de lignes ferroviaires et de réseaux de fibres optiques, la création de zones frontalières de libre-échange, ainsi que le gazoduc reliant le Nigeria à l’Europe, qui traversera le Niger, l’Algérie et la Tunisie jusqu’à l’Italie. Ces initiatives économiques majeures témoignent de la volonté algérienne de renforcer son intégration régionale, en dépit des pressions extérieures qu’impose la gestation d’un monde multipolaire.

Le succès de l’Alliance des États du Sahel (AES) revêt une importance capitale pour la sécurité et le développement économique de toute la région qui constitue son environnement naturel. Les pays du G3 du Maghreb, aux côtés du Sénégal, -qui tente d’opérer les réformes au sein même de la CEDEAO, laquelle devra inévitablement entreprendre des réformes profondes pour s’adapter à cette nouvelle donne géopolitique-, sont en effet, les soupes de sécurité, pour éviter l’éclosion de nouveaux genres de conflits entre pays de l’Afrique de l’Ouest.

Pour ce faire, les dirigeants des trois États de l’AES devront impérativement rétablir rapidement le cadre constitutionnel de la gouvernance, en organisant une transition politique démocratique. Prérequis indispensable à la stabilité régionale, cette transition devra d’abord s’attaquer aux projets expansionnistes menés par certains acteurs étrangers, dont l’implication dans l’instabilité chronique de la région est désormais avérée. Seule cette approche volontariste permettra de jeter les bases d’un développement durable et d’une prospérité partagée au cœur du continent africain.

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