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Comment l’Algérie tisse-t-elle sa toile sur la géopolitique mondiale de l’énergie ?

On dit que l’économie et la somme d’énergie consommée. L’Afrique est longtemps considérée comme une région stratégique sur le plan énergétique, suscite une concurrence accrue entre américains, chinois, russes et européens. Conscient du rôle de plus en plus déterminant sur le contient africain, à travers les grands projets d’intégration continentale, proposés par le président Tebboune, les acteurs géopolitiques se bousculent pour protéger chacun, ses intérêts, dans une Afrique qui s’éveille. comment Alger profite-t-elle de la situation?

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Par| Ahmed Zakaria


Les vastes réserves de gaz naturel, en particulier en Algérie, suscitent l’intérêt de grands groupes américains et européens, qui cherchent à diversifier leurs approvisionnements, notamment face à la crise ukrainienne.

En 2023, ExxonMobil et Chevron ont fait leurs premiers pas remarqués sur le marché algérien. Ces deux géants du pétrole ont ainsi signé des accords avec la compagnie nationale Sonatrach pour explorer et développer de nouveaux champs gaziers, comme ceux d’Ahnat et de Berkine. Une incursion stratégique dans un pays qui vise à accroître sa production de gaz de 200 milliards de mètres cubes à moyen terme, afin de répondre à la demande européenne croissante, et imposer la suprématie du gaz comme la source idéale pour la transition vers les économies décartonnées.

Mais l’Algérie n’a pas attendu ces derniers mois pour renforcer ses collaborations internationales. Dès 2022, Sonatrach a conclu un contrat avec Occidental Petroleum, Eni et TotalEnergies pour développer la zone de Berkine. Et en 2023, un projet de 2,3 milliards de dollars a été lancé avec Baker Hughes et l’italien Tecnimon pour exploiter le gisement de Hassi R’Mel.

Au-delà de ces accords ponctuels, l’Algérie tisse peu à peu sa toile. Elle a notamment renforcé ses liens avec le groupe italien Eni pour augmenter ses approvisionnements gaziers. Les projets avec l’Italie revêtent une importance vitale pour les deux pays qui réservent des projets stratégiques sur les deux continents : infrastructure, industrie pétrochimique et agro-alimentaires pour le sud et un réseau d’énergie verte qui s’étant jusqu’au Balkan en passant par l’Allemagne pour l’Europe. Sonatrach a même signé un partenariat avec Grain LNG pour développer ses capacités de stockage et d’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL).

Cette nouvelle donne dans le secteur gazier du Maghreb pourrait permettre à l’Algérie de s’affirmer comme un fournisseur incontournable pour l’Europe. Avec ses réserves estimées à 4,5 trillions de m3, le pays dispose en effet d’un potentiel colossal pour répondre à la demande croissante du Vieux Continent, notamment dans un contexte de tensions géopolitiques avec la Russie.

Projets gazier à la pelle…

Alors que coincée entre le marteau russe et l’enclume américaine, l’Europe cherche à diversifier ses approvisionnements en gaz. Le Maghreb se mue peu à peu en un véritable eldorado pour les grands groupes pétroliers. Fer de lance de cette effervescence gazière, l’Algérie multiplie les projets d’envergure, tout érigeant un front commun avec le Nigéria, la Libye ou encore la Mauritanie et au Sénégal fraichement introduit dans le cercles des producteurs de gaz.

Coup sur coup, les mastodontes américains ExxonMobil et Chevron ont ainsi débarqué dans le pays pour y nouer des partenariats stratégiques avec la compagnie nationale Sonatrach. En 2023, ExxonMobil a ainsi scellé un accord de 1,2 milliard de dollars pour explorer et exploiter le prometteur champ d’Ahnet, situé dans le sud du pays. De son côté, Chevron a misé 1,5 milliard de dollars sur le gisement gazier de Berkine, avec pour objectif d’atteindre une production de 10 milliards de m3 par an d’ici 2027.

Mais l’Algérie ne s’arrête pas là. En mai dernier, un contrat de 2,3 milliards de dollars a été conclu entre Sonatrach, Baker Hughes et l’italien Tecnimon pour développer le géant gisement de Hassi R’Mel, l’un des plus importants du pays avec des réserves estimées à 1,2 trillion de m3. Quelques mois plus tôt, en juillet 2022, Sonatrach avait déjà noué un accord de 1,4 milliard de dollars avec Occidental Petroleum, Eni et TotalEnergies pour exploiter la zone de Berkine Nord.

Enfin, en Tunisie, malgré des réserves plus modestes, plusieurs projets gaziers voient le jour. Lancé en 2015, le champ de Nawara, développé par l’entreprise publique ETAP et l’italien Eni, vise ainsi une production de 2,7 milliards de m3 par an. Plus récemment, en 2021, l’australien Beach Energy a décroché un permis d’exploration sur le gisement offshore de Zinnia, estimé à 28 milliards de m3.

« Nous sommes d’abords Africains… »

À l’heure où les pays africains cherchent à accélérer leur développement économique, l’Algérie s’affirme comme un partenaire de premier plan. Riche de ses abondantes ressources en hydrocarbures, le géant maghrébin entend en effet mettre sa puissance énergétique au service du continent.

Mais l’ambition algérienne ne s’arrête pas là. Conscient de l’importance cruciale de l’électricité pour le développement, Alger investit massivement dans la construction de nouvelles centrales. Ainsi, d’ici 2030, le pays prévoit de porter sa capacité de production électrique à 50 GW, contre 22 GW actuellement. Une partie substantielle de cette électricité sera destinée à l’export, à destination notamment du Mali, du Niger et du Tchad, via un ambitieux réseau de lignes à haute tension.

Au-delà des seuls hydrocarbures et de l’électricité, l’Algérie entend également s’imposer comme un hub économique régional. Outre ses investissements dans les infrastructures de transport (autoroutes, chemins de fer), le pays développe des zones économiques spéciales destinées à attirer les entreprises étrangères. C’est le cas par exemple de la zone franche d’Ain Soukhna, dans l’est du pays, qui bénéficie d’avantages fiscaux et logistiques conséquents. Ainsi que 5 autre zones franches avec les voisins du Sahel, qui constituent sa profondeur stratégique

Grâce à cette approche résolument intégrée, mêlant énergie, infrastructures et activités économiques, l’Algérie, longtemps cantonnée à un rôle de simple fournisseur de matières premières, entend désormais tisser des liens économiques plus étroits avec l’ensemble du continent africain. Une mue qui devrait profiter à l’ensemble de la région dans les années à venir.

En effet, Parmi les pays les plus engagés dans la réalisation des objectifs ambitieux de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, L’Algérie a fait de la valorisation de ses richesses naturelles une priorité stratégique pour soutenir la croissance de l’Afrique et a entrepris une série de grands projets visant à renforcer ses capacités de production et d’exportation d’énergie.

Ainsi, la compagnie nationale Sonatrach a récemment investi 3,5 milliards de dollars dans l’extension de ses terminaux méthaniers, permettant d’accroître ses volumes de gaz naturel liquéfié (GNL) exportés vers l’Afrique de l’Ouest et Centrale. Un élément clé pour sécuriser l’approvisionnement énergétique de ces régions, conformément aux objectifs de l’Agenda 2063 en matière d’intégration régionale des marchés de l’électricité et du gaz.

Alger a également engagé un vaste programme de construction de nouvelles centrales électriques. D’ici 2030, le pays prévoit ainsi d’atteindre une capacité de production de 50 GW, dont 15 GW destinés à l’exportation vers ses voisins africains via un réseau de lignes à haute tension. Un investissement de 12 milliards de dollars qui permettra de soutenir l’industrialisation et l’accès universel à l’électricité, deux piliers essentiels de l’Agenda 2063.

Au-delà du seul secteur énergétique, l’Algérie en partenariat avec la chine et l’Italie, entend également jouer un rôle moteur dans le développement des infrastructures économiques du continent. Avec 8 milliards de dollars injectés dans la construction d’autoroutes, de voies ferrées et de zones économiques spéciales, le pays se positionne comme un partenaire de premier plan pour faciliter la circulation des biens et des personnes à l’échelle régionale et continental.

Véritable locomotive du développement économique africain, l’Algérie s’affirme ainsi comme un acteur essentiel de la mise en œuvre de l’Agenda 2063. En misant sur ses ressources naturelles, ses capacités de production et ses infrastructures, le géant maghrébin contribue activement à la réalisation des objectifs d’intégration économique, d’industrialisation portés par l’Union Africaine qui veut couper avec le 20e siècle.

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