Par | Ahmed Zakaria
Sikorski a déclaré que » l’Algérie et la Pologne ont beaucoup à s’offrir l’une à l’autre, nous avons une bonne perception de nos pays depuis de nombreuses décennies et cela devrait être suivi de relations politiques et économiques plus étroites et pour cela avons besoin d’une accélération dans nos rapports ».
« Nous avons confirmé notre volonté de redynamiser nos relations, notamment dans un domaine aussi important que celui de l’énergie. L’Algérie s’est révélée être un partenaire solide pour toute l’Europe dans le domaine énergétique, elle est l’un des plus grands producteurs de gaz naturel au monde, c’est aussi un pays qui met en œuvre des projets ambitieux dans le domaine agricole des énergies renouvelables (l’hydrogène vert) et les nouvelles technologies », a souligné le chef de la diplomatie polonaise.
Sikorski a également encouragé les entreprises polonaises à examiner les opportunités d’investissement offertes par le développement de l’Algérie.
Anticipant les questions fâcheuses de certains médias, le ministre polonais des affaires étrangères dont le pays assurera la présidence de l’Union Européenne l’année prochaine, a annoncé l’engagement de son pays a faire entendre la voix de l’Algérie au sein de l’UE pour une issue qui garantira les intérêts de chacun . Une annonce qui est loin d’être fortuite, puisqu’elle coïncide celle de l’union européennes, de lancer “une procédure de règlement des différends contre l’Algérie. l’UE accuse Alger, qui remet fermement en cause ces accords, d’avoir imposé des “mesures commerciales restrictives” sur les importations en provenance de l’Union européenne.
La Commission européenne reproche à Alger, d’avoir réduit drastiquement ses importations de l’Union européenne durant la dernière décennie. Alors que les importations vers l’Algérie se chiffraient à 22,3 milliards de dollars (20 milliards d’euros) en 2015, elles ne valent en 2023 que 14,9 milliards de dollars (13,9 milliards d’euros). Deux secteurs sont particulièrement pointés du doigt : l’agriculture et l’automobile.
L’Algérie pourrait-elle jouer le médiateur entre L’UE et la Russie?
L’annonce de Sikorski, n’a pas manqué de faire réagir le ministre algérien, qui a rappelé les positions honorables de la Pologne sur plusieurs dossiers géopolitiques. Il a rappelé ainsi, que les deux pays « ont confirmé leur fort attachement à assurer la sécurité et la stabilité régionales, tant en Europe que dans la région du Sahel, où les défis augmentent considérablement ». Sikorski a souligné à ce propos, que la régions de Sahel justifie les efforts de l’Algérie dans cette région, confrontée à l’instabilité politique, au terrorisme, aux migrations illégales et aux activités des forces mercenaires étrangères.
Attaf a fortement salué la position honorable de la République de Pologne vis-à-vis de de la cause palestinienne dans son ensemble, notamment la constance de sa position de reconnaissance diplomatique de l’Etat palestinien, ainsi que son vote récent au profit de la résolution de l’Assemblée générale (AG), relative à l’admission de la Palestine comme Etat membre de plein droit à l’ONU.
Les liens historiques unissant l’Algérie (population de 44 millions d’habitants) et la Pologne (population de 38 millions d’habitants), deux nations au passé riche et tourmenté, pourraient s’avérer être un atout stratégique majeur pour Alger dans les négociations qui s’annoncent houleuses sur l’accord commercial Algérie-UE.
La Pologne, qui s’est battue jusqu’à la dernière cartouche contre l’invasion nazie, est restée très attachée à ses valeurs de souveraineté et d’indépendance. Malgré ses engagements au sein de l’UE et de l’OTAN, le pays a su prendre des positions sur plusieurs questions internationales, qui la distingue des autres membres de l’union.
Ainsi, l’affinité historique, forgée au fil des décennies, pourrait jouer en faveur de l’Algérie lors des discussions tendues autour de l’accord commercial avec l’UE. La Pologne, réputée pour son indépendance et sa prise de distance vis-à-vis des Lobbies politiques et économiques au seins du carcan européen, pourrait user de son influence grandissante, au sein de l’UE, au profit de son partenaire algérien.
Fait notable, les liens de nature stratégique entretenus par l’Algérie avec la Russie (un des plus grands producteurs de gaz naturel au monde) n’ont pas empêché le maintien de relations constructives avec la Pologne. Cet état de fait pourrait faire d’Alger un médiateur idéal entre Moscou et Varsovie dans le cadre du conflit en Ukraine, démontrant ainsi la capacité du pays à naviguer habilement entre les lignes de fracture géopolitiques. Lors de sa récente visite à Moscou, Le président Tebboune a d’ailleurs proposé sa médiation entre la Russie et l’Ukraine.