Par | Rasheed Ghezali
Le Caire | Les récentes négociations tenues au Caire ont cependant échoué, l’Égypte s’opposant fermement à toute modification ou présence israélienne permanente dans cette région stratégique.
Ces discussions trilatérales, impliquant Israël, l’Égypte et les États-Unis, se sont déroulées dimanche et lundi derniers au Caire, dans le but d’établir des arrangements sécuritaires concernant l’axe de Philadelphie et le passage de Rafah. Elles s’inscrivent dans un cadre plus large visant à obtenir un accord sur un échange de prisonniers entre Israël et le Hamas, ainsi qu’un cessez-le-feu à Gaza, comme l’a rapporté les journal « Al-Arabi Al-Jadid », citant des sources informées.
Le rapport souligne que les pourparlers de lundi entre les trois parties n’ont pas permis d’avancées significatives. Israël a insisté sur la nécessité d’établir de nouveaux arrangements sécuritaires garantissant le maintien de ses forces militaires dans l’axe de Philadelphie, une demande qui a été catégoriquement rejetée par l’Égypte, qui exige un retrait total des troupes israéliennes de cette zone.
Israël a exigé une modification écrite garantissant son « contrôle sur la situation sécuritaire dans la zone frontalière du côté palestinien »
Ces sources ont révélé que la délégation israélienne a soumis une demande officielle pour réexaminer l’accord de Camp David, en proposant des modifications qui légitimeraient son contrôle sur l’axe de Philadelphie et lui permettraient d’intervenir à tout moment face à ce qu’elle perçoit comme des menaces à sa sécurité, sans nécessiter l’approbation préalable du côté égyptien.
Le Caire a fermement rejeté ces demandes pour le moins « inattendues », mettant en garde que « rouvrir le débat sur la modification de l’accord de Camp David pourrait engendrer de nouvelles crises que le traité pourrait ne pas supporter, surtout face à la colère croissante de l’opinion publique égyptienne vis-à-vis des actions israéliennes ».
Les responsables égyptiens ont réaffirmé leur engagement à refuser toute présence militaire permanente d’Israël dans la zone frontalière avec Gaza, tout en offrant des garanties pour éviter « l’exploitation de cette région à des fins de résistance ».
De son côté, la chaîne officielle « Al-Qahira News » a démenti hier les informations relayées par les médias israéliens concernant une éventuelle acceptation par l’Égypte du maintien des troupes israéliennes dans l’axe de Philadelphie, confirmant son attachement à un retrait total des forces israéliennes du passage de Rafah et de l’axe de Philadelphie. Des sources d’3Al-Arabi Al-Jadid » ont indiqué que les négociations avaient été marquées par des tensions considérables entre les cercles militaires concernés et les services de renseignement supervisant le dossier des pourparlers, avant de parvenir à une position unifiée rejetant catégoriquement toute présence israélienne dans l’axe de Philadelphie ou tout projet de transfert du passage de Rafah.
Qu’est-ce que l’Accord Sur Philadelphia
Il convient de rappeler qu’en septembre 2005, l' »Accord de Philadelphia » a été signé entre Israël et l’Égypte, que Tel-Aviv considère comme un complément sécuritaire à l’accord de Camp David, affirmant qu’il est régi par ses principes et dispositions
Cet accord prévoyait le déploiement de forces égyptiennes le long de la frontière avec Gaza, estimées à environ 750 soldats de la garde frontalière égyptienne, dont la mission est axée sur la « « « lutte contre le « terrorisme », l’infiltration transfrontalière, le trafic et la détection des tunnels »
Selon l’accord, la présence de quatre compagnies de forces égyptiennes armées d’équipement légers est autorisés, comprenant 504 fusils automatiques, 9 fusils de sniper, 94 pistolets, 67 mitrailleuses, 27 roquettes RPG, 31 véhicules blindés de police, 44 jeeps et 4 navires pour la surveillance maritime, ainsi que 8 hélicoptères non armés pour la reconnaissance aérienne et 3 radars pour détecter les infiltrés.
L’accord interdit aux forces égyptiennes d’ériger des fortifications ou des dépôts d’armes, ainsi que d’utiliser des équipements de renseignement de type militaire, et les forces égyptiennes sont soumises à la surveillance des forces multinationales présentes dans le Sinaï. De plus, l’accord impose des rencontres régulières entre les parties égyptiennes et des officiers de l’armée israéliens, ainsi qu’un échange d’informations de renseignement et une évaluation annuelle de l’application de l’accord