Le procureur a requis une amende d’un million de dinars algériens, contre Ouyahia et Sellal et une amende de 8 millions de dinars algériens, avec une période de sûreté contre Ali Haddad.
Le procureur de la République a requis 20 ans de prison contre l’ancien ministre de l’Industrie, Abdeslam Bouchouareb avec émission d’un mandat d’arrêt international, assortis d’une amende d’un million Dinard algériens et de 12 ans, contre l’ancien ministre des Travaux Publics, Ammar Ghoul, assortis d’une amende d’un million dinars algériens.
Le représentant du ministère public a requis également une peine de 10 ans de prison contre l’ancien ministre des Travaux publics, Abdelkader Kadi et huit (08) ans de prison assortis d’une amende d’un (01) million dinars algeriens contre les anciens ministres Boudjemaa Talai, Amara Benyounes, Mehdjoub Bedda, Abdelghani Zaalane et Youcef Yousfi.
Des peines de 07 ans de prison ont été requises contre les anciens walis d’Annaba et El Bayadh, Mohammed Slimani et Abdellah Benmansour et de 12 ans contre Rebbouh Haddad, assortis d’une amende de 08 millions dinars algériens.
Le représentant du ministère public a requis, en outre, une peine de 10 ans de prion contre les frères Haddad Soufiane, Omar et Meziane, assortis d’une amende de 08 millions dinars algériens avec confiscation des biens de tous les accusés.
Pour tous les autres ex-ministres, à savoir Youcef Yousfi, Amara Benyounès, Boudjema Talai, Abdelghani Zalène et Mahdjoub Bedda, la peine de 8 ans de prison ferme a été requise contre eux. Le représentant du ministère public a demandé une peine de 7 ans de prison ferme à l’encontre des ex-walis d’El Bayadh et Annaba.
Pour les directeurs des ports secs et du ministère de la Jeunesse et des Sports, le procureur a demandé 5 ans de prison ferme. Une amende de 32 millions de dinars algériens a été requise à l’encontre des personnes morales, les entreprises d’Ali Haddad poursuivies pour blanchiment. Le procureur général a par ailleurs annoncé l’implication de Zoukh, l’ex wali d’Alger, dans ce dossier et sera prochainement jugé, devant le tribunal de Tipasa. Le procureur a avancé la raison du privilège de juridiction.
Comment les prévenus ont-ils justifié leur folie de grandeurs ?
La valeur des crédits, mines et fonciers dilapidés, donnent froid dans le dos. Ainsi, les chiffres livrent une idée sur l’ampleur de la corruption qui a gangrené le système Bouteflika. Rien que les projets donnés de gré à gré, l’ex-Premier ministre, Ouyahia fera savoir que durant sa période de gestion, «pas moins de 1000 projets ont été cédés de gré à gré».
Les deux anciens chefs du gouvernement se dédouanent et accusent ! « Ce n’est pas moi c’est Bouteflika». Ainsi, L’ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia s’est livré au jeu de question réponse, face au juge avec un naturel qui lui est bien propre.
En dépit de la perte de son frère qu’il venait d’enterrer sous les feux des projecteurs, Ouyahia n’a pas manqué de répondre à toutes les questions, adoptant le même profil opératoire pour se défendre. Visiblement préparé, il ne s’est pas privé de l’usage de tous les textes de lois de l’époque afin de justifier ses décisions en tant que chef du gouvernement, « dans le respect des textes de lois ».
Le juge a questionné Ahmed Ouyahia deux heures durant, sur tous les projets dans lesquels il est, incriminés, notamment la cimenterie de Djelfa. Ouyahia a nié tout octroi de privilèges à quiconque homme d’affaires : «Ce qui m’importait en tant que Premier ministre, c’est la réalisation de l’usine dans une région désertique, ce qui allait permettre la création de plus de 1500 emplois ». Et le droit de préemption ? interroge alors le juge. Ouyahia se contentait de rétorquer « les choses sont claires».
Il expliquera « qu’une correspondance du ministre de l’Industrie de l’époque, précise que le comité de participation de l’Etat (CPE) refusait d’exercer son droit de préemption et que c’est le groupe Gica qui a négocié avec les Egyptiens, s’est finalement désisté ».
Visiblement habitué aux répartis du prévenu, le procureur de la République, a rappelé que le témoignage du premier concerné, le P-DG du groupe Gica contredit totalement, les vérités d’Ahmed Ouyahia: «Le CPE, présidé par l’ex-Premier ministre, n’a pas soutenu l’entreprise publique afin de permettre à Ali Haddad d’acquérir la cimenterie », a-t-il signalé aux juges, ajoutant que c’était « au ministre chargé de l’Investissement de se saisir du droit de préemption(…) De ce fait, la vente est nulle».
Manifestement les projets scellés par le seau «urgent » cachent mal leur nature véreuse. Cela a servi selon le Ministère public à se soustraire au respect des procédures prévues par la loi. Les deux ex Premiers ministres n’ont pas pu convaincre les magistrats sur la question. Aussi cette pratique a encouragé la multiplication des directives verbales aux ministres.
Ouyahia, qui avait des réponses à tout, n’a pas pu tenir et a fini un par lâcher le mot : «Encore une fois, le Président Bouteflika nous avait demandé de travailler et de régulariser ensuite, j’étais un coordinateur et non par ordonnateur (…) Le responsable gère et s’adapte».
Sur la même ligne de défense, le co-prévenu, et ancien Premier ministre. Abdelmalek Sellal, était moins combatif que son prédécesseur, mais sans perdre pour autant, son sens de l’humour. Lorsqu’il est interrogé sur les raisons d’avoir empêché l’ex PDG de GICA, d’expliquer son projet, alors qu’il avait la possibilité d’acquérir les usines de cimenteries cédées à Ali Haddad, Sellal dira : « Je donne l’occasion à tout le monde de s’exprimer » et d’ajouter en plaisantant : «je suis démocrate au point où même le diable est mon ami».
Quant au financement occulte de la campagne électorale de Bouteflika, l’ancien chef du gouvernement qui était également directeur de compagne, affirmera qu’il n’a reçu des injonctions d’aucune structure ou partis politiques, « Abdelaziz Bouteflika était candidat indépendant, à la candidature(…) les personnes physiques qui ont affiché leur soutien, l’ont assumé et ce n’est pas mon problème».
Un Premier ministre ne fait qu’appliquer le programme du président de la République s’est-il justifié : «Le Premier ministre n’est pas maître d’ouvrage, ni un ordonnateur ». Sellal a par ailleurs, tenté de rappeler certaines réalisations phares, tel le règlement de la pénurie de l’eau ou encore l’habitat : «On ne peut pas nier mes réalisations (…) Certes, il y avait des lacunes, mais je n’ai jamais pensé qu’à 72 ans, après 45 ans, au service de mon pays, on allait m’accuser de corruption. Je demande justice», a-t-il conclut, en demandant justice.
Haddad n’avait qu’à ramasser la mise.
L’homme d’affaires et ancien patron du Forum des Chefs d’Entreprise (FCE), Ali Haddad n’a cessé de faire des allers retours à la barre pour être confronté face aux juges, aux déclarations et aveux de ses co-accusés. Cité partout, mais le nulle part, a été la destination des sommes faramineuses qui lui ont été accordées, sous les règnes successifs, des deux chefs du gouvernement. Des milliards accordés pour des marchés souvent fictifs ou des projets qui n’ont jamais vu le jour, ou bien à peine démarrés. Les dossiers du patron des patrons, n’en sont qu’un exemple, parmi tant d’autres, qui sont en cours d’instruction et qui touchent d’autres hommes d’affaires et haut fonctionnaires de l’Etat.
On liquide et on s’en va !
Les dossiers des Projets de Ghelizen et d’El Bayadh, ont pris la part de lion par leur caractéristique grotesque. A la wilaya de Ghelizen dans l’Oranie, Ali Haddad a bénéficié de 21 milliards de dinars (plus de 2 milliards de dollars), de la Banque, (CPA) Crédit Populaire Algérien, et 83 hectares depuis 2014, alors que son projet n’a atteint que 7% de taux d’avancement. Il ne s’était jamais soucié. Idem pour l’affaire des 50 000 hectares à El Bayadh où il devait réaliser un projet d’élevage de vache qui n’avait aucune chance de réussir, vu la zone géographique désertiques. Sur ce dossier Abdelamalek Sellal s’est vainement justifié en assurant sans : «mon gouvernement a beaucoup fait pour soutenir le développement agricole. On devait me gratifier pour cela au lieu de m’emprisonner».
Youcef Yousfi. L’ex-ministre de l’Industrie a à son tour nié tout implication dans ces affaires Il rappellera ses loyaux services durant des décennies affirmant qu’il a toujours veillé à préserver l’argent public, jetant la responsabilité sur son prédécesseur M. Bouchouareb, actuellement en fuite. « Il avait laissé une situation catastrophique derrière lui » a-t-il affirmé avec des mots à peine voilés.
Yousfi s’est même étonné comment Ali Hadad a pu obtenir une mine, alors que les services du ministère sous son règne, lui avait refusé l’octroi du titre minier. Yousfi a d’ailleurs été disculpé de l’accusation de conflit d’intérêt.
«J’ai trouvé une situation catastrophique. J’ai essayé d’y remédier». L’ex Ministre de l’Industrie a fermement fait remarquer qu’il avait un titre minier à Ali Haddad. Ce dernier, a fini par non seulement par l’avoir, mais il s’est même taillé une mine. «Mes services ont étudié le dossier et ont notifié noir sur blanc, un rejet. »