L’empire du non-sens
Par Ahmed Zakaria
La liste des arrestations des grandes figures de l’ère du clan Bouteflika ne cesse de s’allonger, pour livrer le maillage d’un véritable système politico-financier qui n’a rien à envier aux de films hollywoodiens.
Le conseiller enquêteur près la Cour suprême à Alger, vient d’ordonner, la mise sous contrôle judiciaire de l’ancien wali (gouverneur) d’Alger, dans le cadre des enquêtes liées à la lutte contre la corruption et la dilapidation de deniers publics, a-t-on appris auprès de cette institution.
Abdelkader Zoukh est poursuivi dans le cadre des affaires liées aux richissimes hommes d’affaires déjà incarcérés à la prison d’El Harrach, en l’occurrence, l’ex patrons des patrons, Ali Haddad et Mahieddine Tahkout.
Pour rappel, en application des dispositions de l’article 573 du code de procédures pénales, le parquet général près la Cour d’Alger avait transmis le 19 juin dernier, au procureur général près la Cour suprême, le dossier d’enquête préliminaire instruite par la Police judiciaire de la Gendarmerie nationale d’Alger, pour des faits à caractère pénal, à l’encontre de Zoukh et d’autres responsables, dans le volet relatif aux cadres et hauts fonctionnaires.
A voir la liste des prévenus et leurs fonctions, l’on comprend le degré de la corruption qui a gangrené les institutions du pays et la population algérienne, cela, à toutes les échelles. La pyramide va du simple fonctionnaire aux deux successifs ex chefs du gouvernement.
Contrairement au rusé homme d’affaires Kamel Chikhi, alias le «Boucher» impliqué dans le fameux dossier «cocaïne Gate» et qui a filmé toutes ses scabreuses transactions, fermant toute possibilité de se défendre pour les cadres corrompus, les prévenus dans ce procès de jeudi, se sont rejetés les responsabilités «J’ai reçu des ordres de la hiérarchie». Se sont-ils justifiés.
Les chefs d’inculpations retenus pour les mis en cause, sont «trafic d’influence », « dilapidation de deniers publics » et «abus de pouvoir volontaire à l’effet d’accorder d’indus privilèges en violation des lois et réglementations »
Compte tenu de leurs fonctions lors des faits reprochés, les concernés ont bénéficié de procédures de privilège de juridiction consacrées par le texte de loi.
Abdelkader Zoukh, s’est érigé une fortune colossale pendant son règne sur la capitale, ainsi que d’autres anciens hauts responsables. Les procès des nouveaux riches hommes d’affaires les ont facilement entraînés dans les couloirs de la justice après l’avènement de mouvement citoyen. Laissant parfois les observateurs perplexes face à la nature de ce système entièrement basé sur le non-sens.
Pour rappel, le wali Zoukh n’a jamais été apprécié par les habitants de la capitale. Les algérois lui reprochent le fait d’avoir monté une véritable principauté dans leur ville. D’ailleurs quelques semaines après son éviction en plein mouvement populaire, il a failli laisser sa peau à la casbah.
En allant visiter les familles victimes d’un effondrement d’immeuble. il a été coursé par des citoyens en colère. Le wali d’Alger ne doit sa vie qu’à la vitesse de son sprint et à ses gardes corps pour échapper au lynchage et rejoindre sa voiture officielle.