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Maurice Audin un Algérien d’origines Françaises

Maurice Audin, « l’œil dans la tombe… »

Par Ahmed Halfaoui

Ancien cadre supérieur du secteur public, consultant free lance en études socio-économiques, chroniqueur de presee

Ils sont très touchants les nostalgiques du pays, de son soleil et de ses plages, de son anisette, de ses soirées merguez sous les pergolas et les treilles généreuses, et des yeux envoûtants de ses moukhères, qui fleurent un indicible mystère.

Il n’y en a que pour eux et pour leur mémoire martyrisée. Ils osent étaler leur superbe les camusiens des deux rives, qui se lamentent que le maître et sa justice soit restés incompris et des bourreaux et de leurs victimes, qui se seraient laissés entraîner dans un malentendu.

Les colporteurs d’Albert Camus peuvent vendre à la criée, à titre posthume, sa vision d’une Algérie restée française où l’Arabe, qui aura déposé les armes, se contente de réclamer ses droits et la France d’en prendre conscience, le tout dans le système qui le ravale en seconde zone.

Mais l’histoire ne s’accommode que de la vraie vie, celle qui l’écrit et qui l’a écrite. La vie de millions d’Algériens qui a nourri leur colère et l’a faite exploser à la face de l’ignoble colonialisme, qui faisait que Camus cachait l’origine espagnole de sa mère, celle-ci qu’il assimile à la France, dans sa tirade sur la « justice ».

Cette vie là Maurice Audin la savait, même s’il ne la vivait pas et la colère l’a aussi pris, tout naturellement. Car il faisait partie d’une humanité qui lui dictait de lutter contre le crime.

Le mathématicien qu’il était est mort assassiné, à 25 ans, à cause de ce qu’il avait posé l’équation réelle, bien au-dessus des limbes où s’est réfugié Camus. Camus voulait la protéger, Audin « a quitté sa communauté », il en a payé le prix.

Le parachutiste Massu en a fait un exemple, en ordonnant son exécution et sa « disparition ». Audin comprenait qu’il ne pouvait y avoir de « justice » sans que les « petits-blancs » perdent leur statut d’occupants. Camus ne voulait pas qu’ils le perdent. Il les plaignait désespérément et ils ne lui sauront pas gré, en manifestant ne serait-ce que la sympathie pour ses efforts.

Bien au contraire, ils laisseront les Ultras, Salan et les commandos de l’OAS les représenter, se confinant dans l’attentisme, dans le soutien ou dans la prostration, en attendant le verdict du « conflit », la peur de l’Arabe au fond des yeux. Un Arabe, l’indigène qui rasait les murs, qui donnait du « monsieur-madame » quoi qu’il fut et quoi que fut « l’Européen-l’Européenne ». Le verdict du « conflit » a donné raison à Maurice Audin.

Camus a perdu l’Algérie, la sienne, sans des Arabes visibles dedans, avec un nom.

Massu et ses sbires n’ont pas pu gagner, imposer la terreur. Ils seraient restés les « petits-blancs ». Ils ont préféré partir pour ne plus revenir. Ils ne voulaient plus rester dans une Algérie où il n’y aurait plus d’indigènes, seulement des citoyens. Là était la peur réelle, inavouée.

Bien tard, des regrets d’avoir quitté le « pays natal » sont apparus, poussant à visiter les souvenirs vestiges d’un temps disparu, les amis d’enfance, le quartier et les cimetières.

Les tueurs, eux, le regard d’Audin n’a jamais dû cesser de les hanter et la peur de trouver l’œil dans la tombe.

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