L’Algérie continue de tracer son son destin
De notre correspondante à Alger: Sahra Achour
Partout à travers l’Algérie, les manifestants sont sortis dans la rue, bravant la chaleur, la faim et la soif pour que vive l’Algérie libre démocratique et populaire. Une Algérie nouvelle comme l’ont rêvé les Martyrs, comme la rêvent les jeunes. Encore une fois pas une seule wilaya n’a manqué à ces marches populaires pacifiques. A Bordj Bou Arreridj, Setif, Bejaia, Constantine, Tlemcen, Oran, Biskra, Bouira, Tizi ouzou, Ouargla, Bechar et partout les jeunes, les moins jeunes, les vieux, les vieilles, les hommes et les femmes et des enfants ont encore marché, en force, en ce 13eme vendredi, le deuxième depuis le début du ramadan.
L’Algérie qui marche, qui avance vers son destin meilleur comme le veulent ses enfants. De véritables marées humaines se sont formées pour scander et crier fort la soif de la liberté et de la dignité. Au niveau de la capitale, tôt ce matin, les rues d’Alger étaient très animées et colorées par le rouge blanc et vert de l’emblème national flottant partout comme dans les autres wilayas. Comme d’habitude c’est la ruée vers la place de la grande poste pour la marche du changement, de la nouvelle République. Toujours le même mot d’ordre en finir avec le système en place et le départ des deux B à savoir « Bensalah et Bedoui », que le peuple entier rejette.
D’ailleurs sur beaucoup de pancartes brandies, on pouvait lire des messages hostiles à l’endroit de ces deux hauts responsables, à qui l’opinion ne fait pas confiance pour l’organisation des élections tant ils sont réputés avoir par le passé recouru à la fraude pour maintenir le système en place.
« Chaab houa eli ykarar » ( c’est le peuple qui décide), « El hadef marhala intikalia bla wjouhkoum » (l’objectif une période de transition sans vous), « dégagez tous, la parole au peuple, nous demandons l’application des articles 7 et 8 , nous voulons un président jeune, vous dégagerez tous » . Ou encore « Pour un Etat civil, pas un régime militaire », un autre slogan revenu tel un leitmotiv partout à travers l’Algérie.
Pour ce 13eme vendredi, le tunnel des Facultés est resté fermé, et les escaliers de la Grande Poste, symbole des rassemblements des manifestants chaque vendredi, ont été également fermés aujourd’hui. Pour les empêcher les manifestants de s’y regrouper, la police a usé de bombes lacrymogènes. L’une des explications à cela, selon la wilaya d’Alger, il s’agit d’une mesure de sécurité en raison des fissures apparues sur le parvis, ce qui pourrait constituer un danger majeur pour les manifestants.
Notons que de nombreux maires ont rallié aujourd’hui la marche en guise de soutien au peuple qui ne compte pas baisser les bras bien au contraire. Les manifestants comptent poursuivre leur mouvement pacifique jusqu’au départ non seulement du système, mais de l’annulation pure et simple des élections du 4 juillet prochain. Cette 13eme marche, rappelons le, intervient au lendemain de la comparution de nombreux hauts responsables et des ministres dans l’affaire de Ali Haddad. Le peuple se dit conscient et ne veut en aucun cas voir son mouvement détourné. « Aucune tentative de diversion ne pourra ébranler notre volonté de faire aboutir nos revendications », souligne Sadek, un manifestant rencontré ce matin à Alger. « S’ils croient que notre attention sera détournée par toutes ces affaires de corruption, c’est peine perdue », indique son ami Ali, ajoutant qu’il suit de très près tous ce qui se passe.
A Batna, des centaines de manifestants ont également défilé tout au long de la rue de Biskra, en convergeant à la place de la Liberté en entonnant des chants patriotiques et en scandant des slogans appelant à la protection de la Nation, notamment « Ahmiw bledna men el adiene » (Protégez notre pays des ennemis, ndlr) et « Khawa Khawa manach adaoua » (Nous sommes des frères, pas des ennemis) exigeant le départ des « trois B » (Bensalah, Bedoui et Bouchareb).
Les manifestants ont insisté sur le départ de tous les symboles du pouvoir, tout en exprimant leur appui à l’Armée nationale populaire (ANP). Ils ont réaffirmé leur exigence d’une « solution politique » à la crise actuelle en privilégiant, notamment l’option d’une « période de transition et sa gestion par des figures consensuelles compétentes qui n’ont pas déjà participé à la gestion des affaires du pays ».
Un peu partout dans le pays, les manifestant ont réitéré les revendications d’une « justice indépendante » et appelé à l' »ouverture d’enquêtes et de poursuites judiciaires contre les hommes d’affaires et les anciens responsables politiques ‘impliqués’ dans des affaires de corruption et de dilapidation de deniers publics ».
Ainsi, la mobilisation citoyenne reste intacte. Les marches se sont déroulées dans le calme. Rendez vous est pris pour vendredi prochain.
S.A